16

Depuis l’installation officielle du prince Toutankhaton dans le palais nord de la cité du soleil où résidait à présent Néfertiti, chacun connaissait le choix de la grande épouse royale concernant l’avenir du royaume. Elle souhaitait comme successeur d’Akhénaton un prince dont l’enfance et l’adolescence se seraient partagées entre l’ancienne et la nouvelle capitale de l’Égypte, entre Thèbes et la cité du soleil.

Inapte à gouverner en raison de son jeune âge, il serait néanmoins le symbole respecté et intouchable de l’union des Deux Terres, donnant satisfaction aux partisans d’Aton comme aux tenants de la religion traditionnelle. Équilibre fragile, certes, mais que pouvaient assurer le « divin père » Aÿ et le général Horemheb.

Tels étaient donc les souhaits de Néfertiti sur lesquels Akhénaton méditait jour et nuit, ne parvenant plus à trouver le sommeil. Ce n’était pas Toutankhaton qu’il avait associé au trône, mais Sémenkh, un véritable adorateur d’Aton en qui il avait pleine confiance.

Au cours des déplorables événements, dont l’unique responsable était sa fille aînée, Méritaton, cette dernière avait révélé sa véritable nature : celle d’une intrigante à courte vue.

Sémenkh était dans l’obligation de la répudier. Akhénaton lui donnerait ensuite comme grande épouse Akhésa qui serait promue au rang de fille aînée et de future reine d’Égypte. Ainsi serait reconstitué un couple analogue à celui formé par Akhénaton et Néfertiti.

Pharaon avait ressassé cette décision. Il aimait Méritaton, avait espéré qu’elle deviendrait reine, souffrait de lui infliger une si grande peine.

Il se devait d’accorder une ultime chance à sa fille aînée. C’est pourquoi il l’avait convoquée en compagnie de Sémenkh. Si elle se révoltait, si elle parvenait à le convaincre qu’il commettait une erreur, peut-être accepterait-il de réfléchir à nouveau. Immergé dans la lumière d’Aton, travaillant et retravaillant chacun des vers de l’hymne qu’il composait à la gloire de Dieu, Akhénaton avait perdu le sens du temps. Les tâches quotidiennes ne l’intéressaient plus. Il n’avait plus envie de réunir son conseil, de consulter ses ministres, de donner des directives pour la conduite des affaires de l’État. Il laissait agir Aÿ et Horemheb.

Une douloureuse langueur s’était emparée de lui. Elle le privait de la volonté farouche qui l’avait animé depuis qu’il avait pris conscience, encore enfant, de sa mission religieuse. Il mourait doucement, comme Néfertiti. Elle se terrait dans le néant de sa cécité, mais continuait à agir magiquement. Cette fois, pour leur malheur à tous deux, ils se trouvaient en désaccord. Cette déchirure contribuait pour beaucoup à son affaiblissement. Aussi fallait-il qu’il règle définitivement sa succession. Après l’avoir proclamée par décret, il demanderait à rejoindre son épouse et à passer ses derniers instants terrestres en sa compagnie. Cela, au moins, elle ne pouvait le lui refuser.

 

Sémenkh et Méritaton, côte à côte, se prosternèrent devant Pharaon.

Akhénaton, nu, en posture de scribe, écrivait. Sa main tremblait. Les hiéroglyphes étaient mal dessinés. Au prix d’un effort considérable, il continuait à tenir son calame et à tracer sur le papyrus les paroles de vie célébrant la toute-puissance d’Aton.

— Ce sera notre dernière entrevue, annonça-t-il d’une voix usée. Je n’ai plus beaucoup de temps et je dois le consacrer à Aton. Toi, ma fille aînée, tu as semé la discorde et le mensonge dans la cité du soleil. Tu deviendras l’une des supérieures des chanteuses du temple et tu t’installeras dans une maison construite à l’intérieur de l’enceinte. Désormais, tu te consacreras à la louange d’Aton et tu ne participeras plus à aucune cérémonie officielle. Ton nom disparaîtra des Annales. Tu passeras le reste de tes jours dans la prière et le recueillement.

Méritaton demeura prostrée, la tête baissée sur la poitrine, les mains jointes devant elle.

Akhénaton attendit une réaction. Elle ne vint pas. Méritaton avait scellé son propre destin. N’osant regarder ni son père, ni Sémenkh, elle sortit du cabinet privé de Pharaon, à jamais brisée.

Le roi prit Sémenkh par les épaules.

— Toi, mon successeur… tu épouseras ma fille Akhésa, et…

Sémenkh se dégagea avec brusquerie.

— Non, Votre Majesté. Je ne suis destiné ni au mariage ni à la royauté. Je renonce au pouvoir que vous m’offrez. Il ne m’intéresse pas. Je veux dédier mon existence à Aton, vivre au temple. Laissez-moi devenir prêtre régulier et ne plus revenir dans le monde extérieur. Qu’un autre prenne en charge les affaires de l’État.

Le choc provoqué par ces paroles fut si rude qu’Akhénaton défaillit. Les murs de la pièce dansèrent devant ses yeux.

Sémenkh perçut le trouble du roi.

— Pardonnez-moi de vous infliger ce tourment, Majesté… Mais je dois d’abord être vrai envers moi-même. Je n’accepte ni de me mentir ni de vous mentir.

Sémenkh s’agenouilla devant Akhénaton.

— Vous êtes l’unique prophète d’Aton, dit-il, et mon maître spirituel. C’est vous qui m’avez enseigné la voie qui mène vers Dieu. Permettez-moi de me consacrer entièrement à lui.

— Il en sera ainsi, Sémenkh.

 

Quand Akhésa arriva au palais nord où résidaient Néfertiti et Toutankhaton, elle était en proie à la plus vive des angoisses, redoutant d’être confrontée à une affreuse réalité.

Le majordome qui était venu la chercher ne lui avait donné aucune explication. Et si sa mère…

Dès qu’elle pénétra dans le vestibule, ses craintes se confirmèrent. Presque partout, les torches avaient été éteintes. Il ne subsistait qu’une faible lumière dans l’immense demeure silencieuse. Akhésa leva un regard interrogateur vers le majordome, muet, se contentant de la guider à travers un dédale de pièces, de couloirs et de cours où étaient assis des serviteurs, prostrés, la tête dans les épaules.

Le signe du deuil.

Elle n’avait pas le droit de pleurer. Akhésa devait se montrer maîtresse d’elle-même, affronter la mort de sa mère avec la dignité qu’elle lui avait inculquée.

Le majordome introduisit la princesse dans la chambre à coucher de la grande épouse royale, jouxtant une salle de bains et une salle d’onction. Il referma les portes de cèdre derrière elle.

Là régnait une obscurité totale. Alors que les larmes s’écoulaient sur les joues d’Akhésa, une voix, presque imperceptible, entama une mélopée aux inflexions très douces.

La voix claire de Néfertiti, d’une absolue pureté.

Akhésa se précipita vers le lit où sa mère était étendue, immobile, les yeux morts.

— Mère, tu es vivante !

Akhésa serra avec passion la main gauche de Néfertiti pendant le long du lit.

— C’est ma dernière nuit sur cette terre, ma fille bien-aimée… Je suis heureuse de quitter ce monde, de bientôt connaître une autre lumière. Aton m’a accordé la grâce de respirer jusqu’à cette heure pour te révéler enfin ton destin.

La jeune femme perçut un sourire dans les paroles de Néfertiti, une espérance qui terrassait la mort.

— Ton père est venu, il y a quelques heures… Je voulais lui parler une dernière fois. Ce qu’il m’a dit, Akhésa, m’a donné la force de lutter jusqu’à cette minute.

La voix de la grande épouse royale s’affaiblissait, devenant à peine audible.

— À présent, tu es la gardienne de la légitimité, mon enfant, et la future reine d’Égypte… Tu as toutes les prérogatives de la fille aînée. Épouse le prince Toutankhaton dans ce palais, cette nuit même… et veille sur le bonheur de l’Égypte.

Alors que la nuit d’étoiles étendait son manteau de lapis-lazuli sur la cité du soleil, la princesse Akhésa était parfumée par une servante dans une salle d’eau dont les pierres avaient été longuement chauffées. Akhésa, nue, avait pris place sur un tabouret pliant et buvait un jus de fruits frais qu’elle aspirait à petites gorgées grâce à un siphon importé de Syrie.

La princesse avait fait le vide dans sa pensée. Elle s’était laissé frictionner et oindre avec délices, ne songeant qu’à son bien-être, aux frissons qui lui parcouraient le dos et les reins. La servante, nue elle aussi, venait d’atteindre sa vingtième année. Femme de chambre de Néfertiti depuis l’enfance, elle avait connu Thèbes avant de partir avec sa maîtresse pour la nouvelle capitale.

— Vous êtes très belle, confia-t-elle à la princesse, aussi belle que votre mère. Ma propre mère comptait déjà au nombre de ses servantes, quand Néfertiti fut parée pour sa première nuit d’amour avec Pharaon. Ce soir, c’est moi qui ai le devoir de faire rayonner les beautés de votre corps, de vous rendre plus attirante qu’une déesse.

Akhésa cessa de boire. Ce soir, en effet, elle serait la femme du prince Toutankhaton. Son mariage serait accompli par le simple fait de venir habiter sous le même toit que le jeune homme et de s’offrir à lui. Aucun acte légal, aucune cérémonie religieuse ou civile ne seraient nécessaires. Devenaient mari et femme deux êtres qui se déclaraient leur amour et commençaient une existence commune, partageant joies et peines.

— As-tu vécu à Thèbes ? interrogea Akhésa.

— Oui, princesse.

— Est-ce une ville aussi agréable que notre capitale ?

Akhésa ne pouvait avouer qu’elle s’était rendue sur la rive d’Occident, au palais de la reine mère, et qu’elle regrettait de n’avoir pu découvrir la luxuriante cité dont les quartiers se déployaient sur l’autre rive.

La servante poussa un soupir.

— Agréable… Le mot est trop faible. Thèbes est la plus riche, la plus joyeuse des cités ! Chaque soir, il y avait de grands banquets. J’y jouais de la lyre et je chantais. Ici, l’existence est devenue grise et terne. Il est presque interdit de rire, de s’amuser. La mort rôde… mais pas cette nuit ! L’amour va la chasser, j’en suis sûre. C’est vous qui allez l’éloigner.

Pas un pouce du corps admirable d’Akhésa n’était privé de parfum. Elle ne bougeait plus, n’ayant jamais goûté pareil bonheur. Un contentement simple, animal, qu’elle savourait sans aucune retenue.

La servante massa légèrement le cou de la future reine. Elle ne la jugeait pas encore assez détendue.

— Ne craignez rien, princesse. L’amour est une parole de Dieu. Ce que vous ressentez en cet instant n’est rien à côté de la joie qu’il vous offrira. Il montera en vous comme l’inondation sur les rives du Nil.

Pour la première fois, Akhésa songea au prince Toutankhaton avec ravissement. Il devenait le gardien de sa félicité. Elle commençait à l’aimer, non point d’une folle passion mais d’un sentiment très tendre qui, bientôt, nourrirait la communion unissant leurs âmes et leurs corps.

La servante ouvrit une boîte à parfum en or, posée sur un socle en argent, ayant la forme de deux cartouches[13] accolés, surmontés de deux plumes d’autruche encadrant le disque solaire. La précieuse substance déposée dans chacun des deux cartouches servant de récipients avait été préparée dans le laboratoire du temple par des prêtres médecins connaissant les secrets de la lionne dangereuse, Sekhmet, revenue des lointaines contrées du Sud, porteuse des substances aromatiques les plus rares.

La boîte était ornée de figurations d’un roi enfant, portant une tresse sur le côté pour signifier son jeune âge ; la fine sculpture en or, travaillée au repoussé, avait été incrustée de pierres de couleur. De l’index de la main droite, la servante prit un peu de pâte odoriférante et l’étendit avec lenteur et délicatesse à la base de la nuque de la princesse.

Une incroyable sensation de fraîcheur envahit Akhésa. Elle poussa un léger cri de jouissance. Il lui sembla que la moindre parcelle de son être devenait sensible.

— Restez immobile, princesse. Vous êtes prête pour l’amour. Vous le vivrez au plus profond de vous-même. À présent, je vais vous habiller.

 

Les cheveux enserrés dans un diadème d’or et d’argent, portant un collier de perles et une courte tunique transparente qui s’arrêtait à mi-cuisse, les pieds chaussés de sandales blanches aux fines lanières, Akhésa vit s’ouvrir devant elle les portes de la chambre à coucher du prince Toutankhaton.

Le camérier déposa son flambeau sur un guéridon et quitta la pièce. À travers une fenêtre donnant sur les jardins, Akhésa admira la pleine lune du second mois du printemps. Les astrologues du palais l’avaient annoncée comme particulièrement favorable : les influences divines pénétreraient la terre sans que nulle force négative ne s’oppose à elles.

Le lit, en ébène massif, occupait le centre de la chambre à coucher. Fait d’un cadre du même bois sur lequel s’adaptait un treillis de cordelettes entrecroisées et peintes en blanc, il avait les pieds ornés d’ivoire et d’or. Sur chacun des trois panneaux, le compartimentant, se détachait la joyeuse figure grimaçante du dieu Bès, chargé de veiller sur le sommeil du dormeur en écartant de lui les cauchemars et les démons rôdant dans les ténèbres. Le long du lit, assez large pour deux personnes de faible corpulence, courait une frise de lotus et de papyrus évoquant le marais originel où la vie s’était organisée. En entrant dans le sommeil, l’âme mourait au jour passé et plongeait dans les eaux primordiales pour s’y régénérer.

Cette nuit-là, Akhésa n’éteindrait pas les quatre torches brûlant dans les angles de la chambre à coucher. Chacune d’elles, en bronze et en or, avait la forme d’une croix ansée au pied fixé dans un piédestal en bois. Les croix étaient pourvues de bras serrant des vases remplis d’huile où flottait une mèche allumée ne produisant pas de fumée. La douce clarté qu’elles dispensaient faisait apparaître Akhésa comme une ombre colorée et légère.

À la tête du lit, un chevet en forme de demi-cercle supporté par le dieu Shou, agenouillé. Encadré de deux lions, symbolisant hier et demain, il offrait la lumière céleste qui illuminerait les songes des dormeurs. Akhésa prit le magnifique objet en ivoire et le déposa sur le sol. Elle écartait ainsi les rêves et le sommeil.

Lorsque Toutankhaton pénétra dans la chambre, habillé d’un simple pagne, Akhésa lui fit face.

Un enfant, il n’était encore qu’un enfant. Mais son regard était fou d’amour, son corps frêle tressaillait de passion. Il la regardait comme s’il découvrait le vrai visage d’une déesse.

— Akhésa… dit-il dans un murmure. Akhésa… je voudrais…

— Approche-toi, recommanda-t-elle, souriante.

— Je voudrais…

— Tais-toi, jeune prince, et viens tout près.

Hésitant, tremblant, il obéit. Son visage touchait presque celui de la princesse. Ils étaient de même taille. Leurs lèvres s’effleurèrent.

— Akhésa, je n’ose croire encore…

— Oublie les mots, supplia-t-elle, oublie-les tous et déshabille-moi.

La jeune femme avait renversé la tête en arrière, ses cheveux parfumés glissant sur les épaules. Toutankhaton porta lentement la main aux bretelles qui retenaient la tunique d’Akhésa. Le vêtement transparent descendit le long du corps de la princesse, dévoilant ses seins aux pointes tendues, son ventre plat, son sexe aux boucles de jais, ses jambes fuselées.

Émerveillé, Toutankhaton ignorait comment agir. Le dévisageant avec tendresse, Akhésa écarta sa tunique et s’agenouilla pour ôter ses sandales.

Le prince l’imita, se penchant pour embrasser les pieds de la jeune femme. Une onde de plaisir la fit vibrer. Prenant Toutankhaton par les mains, elle le releva. Ce dernier se laissa guider par un instinct qui lui dicta ses gestes. Serrant le corps nu d’Akhésa contre sa poitrine, il l’embrassa avec fougue.

Akhésa dénoua le pagne de Toutankhaton et l’entraîna jusqu’au lit où ils s’allongèrent, enlacés. Ils demeurèrent immobiles quelques instants, reprenant leur souffle. Puis le jeune homme s’étendit sur elle avec toute la violence de sa jeunesse.

La reine soleil
titlepage.xhtml
Jacq, Christian - La reine soleil_split_000.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_001.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_002.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_003.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_004.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_005.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_006.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_007.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_008.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_009.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_010.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_011.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_012.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_013.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_014.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_015.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_016.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_017.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_018.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_019.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_020.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_021.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_022.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_023.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_024.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_025.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_026.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_027.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_028.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_029.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_030.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_031.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_032.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_033.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_034.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_035.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_036.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_037.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_038.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_039.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_040.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_041.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_042.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_043.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_044.htm
Jacq, Christian - La reine soleil_split_045.htm